Non, les résidences ne sont plus ce qu’elles étaient
Les résidences pour aînés ont fait du chemin au cours des dernières décennies. Et on ne parle pas seulement des installations, des caractéristiques et des services offerts; tout a changé, de la perception du public jusqu’à la terminologie.
Rappelez-vous l’époque où l’on parlait volontiers de foyer ou de centres d’accueil… Aujourd’hui, les résidences pour aînés n’ont plus grand-chose à voir avec les centres d’accueil d’autrefois. On les appelle de différentes façons, notamment village-retraite, résidences assistées, maisons de retraite, etc. Même les occupants de ces résidences sont de moins en moins désignés comme des « vieux ». On utilise maintenant aînés.
La perception du public et un changement d’attitude
Notre façon de voir les résidences pour aînés a également changé. Les gens les considéraient davantage comme des hôpitaux (d’où le terme centre de soins) que comme des communautés. On y retrouvait des aînés dont il fallait prendre soin en raison de problèmes de santé. Aujourd’hui, les résidences pour aînés sont beaucoup plus chaleureuses et accueillantes. Elles fournissent des attraits qui, autrefois, relevaient du luxe.
L’ancien modèle était axé sur les soins de santé et la sécurité, presque au mépris de tout le reste. La santé mentale, les liens sociaux et d’autres aspects indissociables de la santé des aînés y occupaient peu de place. Les personnes qui en prenaient soin et les proches aidants considéraient le déclin à venir comme inévitable et s’y préparaient.
Selon le modèle actuel, les résidences pour aînés se préparent pour l’avenir, mais se concentrent sur le présent. Que souhaitent les aînés aujourd’hui? Rester actifs et vifs d’esprit, garder le contact avec des amis et leurs proches, et profiter de la vie à l’abri du stress.
Les consommateurs veulent autre chose
La démographie n’a pas été épargnée par ce vent de changement. Comme le disent de nombreux aînés, 70 ans, c’est le nouveau 60! L’espérance de vie croissante et la retraite à tout âge font qu’il est désormais impossible de faire le portrait robot de la personne âgée. Les résidences accueillent désormais des septuagénaires célibataires comme des couples dans la soixantaine. Même les aînés de plus de 80 ans demeurent actives plus longtemps. La plupart des aînés aspirent à une certaine indépendance, même s’ils ont vendu leur maison et quitté leur quartier.
L’aménagement des nouvelles résidences témoigne aussi de ce changement. On n’y voit plus de ces étroits couloirs cliniques sur lesquels donnent de petites chambres encombrées. Les résidences d’aujourd’hui misent sur des aires ouvertes baignées de lumière naturelle. On y trouve des unités avec une ou deux chambres dotées d’un coin-repas comme des appartements entièrement autonomes. On trouve même des maisons de plain-pied.
Les octogénaires et les sexagénaires font partie de deux générations distinctes. Leurs préférences à divers égards – de la musique aux technologies – sont complètement différentes. Les baby-boomers sont plus susceptibles d’être à l’aise avec les ordinateurs. Ils aiment le rock plutôt que la musique country. Les gestionnaires de résidences constatent qu’ils doivent répondre aux attentes de consommateurs en quête de choses très différentes.
L’utilisation des technologies
C’est le cœur du changement. En matière de soins de santé aux aînés, les appareils médicaux sont inévitables. Ceux-ci ne sont pas nécessairement des équipements lourds aux boîtiers disgracieux qui bipent constamment. Les technologies modernes sont plus discrètes et automatisées. Elles sont partout, et les résidences y ont recours plus que jamais. Cependant, elles sont essentiellement invisibles pour les résidents, à moins qu’ils ne les utilisent eux-mêmes.
Par exemple, certaines résidences utilisent des systèmes de surveillance à l’intention des employés, afin qu’ils puissent aider les résidents. Nombre d’entre elles utilisent des systèmes téléphoniques de voix sur IP qui permettent plus de fonctions additionnelles que des lignes terrestres. Dans un appartement ou une maison, on trouvera des thermostats intelligents, des fonctions de rappels automatiques de rendez-vous et d’autres alertes.
Les technologies ne visent pas qu’un objectif d’efficacité. Elles trouvent leur place dans le domaine du divertissement, de la bonne condition physique et de la socialisation. Dans les aires communes, les consoles de jeu de type Wii font bon ménage avec les écrans de télé. L’Internet sans fil est pratiquement devenu une nécessité dans les résidences. La plupart des résidents utilisent un appareil mobile, qu’il s’agisse d’un téléphone intelligent, d’une tablette ou d’un portable. Et qu’en font-ils?
Les aînés aiment parler avec leurs petits-enfants, leurs amis et leurs proches par vidéo. Grâce aux technologies, ils peuvent même assister à des événements comme une remise de diplômes et une réception d’anniversaire à des kilomètres de distance. Ils jouent aussi à des jeux sur Facebook avec leurs voisins!
Un soutien à la vie en communauté
Il fut un temps ou emménager dans une résidence pour aînés était synonyme d’isolement social et de perte d’autonomie. C’est peut-être pourquoi les villages-retraite et les complexes pour personnes retraitées tentent de favoriser un esprit de communauté. De nombreuses résidences proposent des activités communautaires, comme des séances d’activité physique en groupe, des cours d’arts et des zones communes pour les résidents.
Certaines résidences sont même équipées d’un spa, d’un salon de barbier, de boutiques, de restaurants et d’autres services. Ces résidences proposent presque une ville dans la ville. Au lieu d’offrir les trois repas par jour de rigueur, ces résidences proposent des formules plus souples. Elles misent aussi sur des aliments frais et sains plutôt que d’insister sur des termes comme « sans cholestérol », « sans sucre » et autres formules rabat-joie.
La résidence de 2019 n’a presque rien à voir avec le centre d’accueil classique des années 1950. L’accent n’est plus sur la tranquillité et la sécurité, mais sur l’offre de soins personnalisés qui tiennent compte des préférences de chacun. La nouvelle donne démographique et le changement de culture obligent les résidences pour aînés à monter dans le train de la modernité ou à le regarder passer, à leurs risques et périls.