Le taux d’occupation des résidences pour aînés canadiennes
Le logement et la vie des aînés sont des sujets de préoccupation de plus en plus importants dans de nombreux pays, particulièrement en Amérique du Nord et en Europe. On comprend aisément pourquoi : dans certains pays comme les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et le Japon, la population âgée croît rapidement. Or ce phénomène soulève forcément des enjeux au chapitre du logement et des soins de santé de longue durée.
La réalité des résidences pour aînés varie beaucoup d’un pays à l’autre. Certains États assurent le financement des programmes publics de santé, d’autres non. Aux États-Unis, les résidences assistées constituent un marché en croissance. Cette croissance est moins marquée au Canada. Les coûts, les perceptions à l’égard des résidences pour aînés et les forces du marché présentent d’importantes variations dans chacun de ces pays.
Ainsi, les États-Unis sont encore aux prises avec une offre excédentaire de places en résidence. Après quelques années de croissance constante, on observe maintenant une contraction du segment de marché des aînés qui souhaitent quitter leur maison. En revanche, les analystes prévoient des difficultés à long terme dans les prochaines années, à mesure que les baby-boomers prendront leur retraite.
Le vieillissement de la population canadienne
La situation est complètement différente au Canada, où le marché vit le problème inverse : l’offre ne suffit tout simplement pas à répondre à la demande croissante. Voyons rapidement ce qui entraîne cette forte croissance.
L’étude des tendances démographiques et des données du recensement indique que la croissance de la population plus âgée se poursuivra durant les deux prochaines décennies. On estime qu’en 2036, les personnes de 65 ans et plus représenteront 23 % à 25 % de la population, comparativement à 14 % en 2009 et 17,5 % en 2019[i]. Il s’agit d’une augmentation considérable par rapport aux 12,3 % des années 1990.
Une recherche plus approfondie révèle qu’en 2016, 13 % des aînés avaient 85 ans et plus[ii]. Or chez les personnes de ce groupe d’âge, des ennuis de santé et des troubles cognitifs sont plus susceptibles de compromettre l’autonomie. Les innovations technologiques ont certes leur utilité, mais tôt ou tard, les personnes âgées ont besoin d’une aide accrue pour accomplir leurs activités ménagères quotidiennes.
Cette croissance de la population vieillissante est attribuable à la génération des baby-boomers. Les premiers membres de cette cohorte ont eu 65 ans en 2011. On prévoit qu’en 2024, un Canadien sur cinq aura franchi ce cap[iii]. L’accélération du vieillissement de la population ouvre des perspectives aux résidences pour aînés, mais s’accompagne aussi de défis.
Les taux d’occupation des résidences pour aînés
Les taux d’inoccupation et d’attraction des résidences pour aînés varient grandement d’une province à l’autre. En 2017, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estimait à environ 258 000 le nombre de logements pour aînés dans tout le Canada. De 2009 à 2017, l’offre a crû annuellement de 6,9 %, ce qui est plutôt bon.
Toutefois, le nombre d’aînés a augmenté en moyenne de 21,7 % par année au cours de la décennie 2006-2016[iv]. De toute évidence, l’offre ne suit plus la demande depuis un bon moment, et le problème s’aggravera si on ne s’y attaque pas de front.
Pour les aînés, cette insuffisance de l’offre entraîne aussi des conséquences sur le coût de la vie. Le tarif moyen de location a augmenté de 4,7 % année après année entre 2013 et 2017[v]. Le prix pour vivre en résidence sera de plus en plus élevé pour les retraités canadiens.
Les résidences pour aînés en Ontario
D’un rapport annuel à l’autre, la SCHL fait état d’un taux d’inoccupation plus ou moins inchangé en Ontario. Il existe une légère différence entre les taux d’inoccupation pour les places standards et non standards. Les premières sont les places où l’occupant reçoit moins de 1 h 30 de soins par jour. Les places non standards, elles, comprennent au moins 1 h 30 de soins aux résidents ayant besoin de soins de santé assidus.
Le taux d’inoccupation des places standards n’a pratiquement pas changé, passant de 10,4 % à 10,3 % en 2019[vi]. Le taux d’inoccupation de l’ensemble des places, lui, demeure dans un creux historique de 9,9 %.
En Ontario, la croissance de l’offre de places en résidence a réussi à suivre celle de la demande, à environ 2,4 %. C’est bien mieux que dans beaucoup d’autres provinces.
Les résidences pour aînés au Québec
Au Québec, le taux d’inoccupation a augmenté, passant de 6,9 % en 2018 à 7,2 % en 2019[vii].
Le taux d’attraction fait référence à la proportion de personnes de 75 ans et plus, au sein d’une population, qui vivent en résidence privée; il est de 18,4 % au Québec, qui devance nettement les autres provinces sur ce point.
Le loyer mensuel moyen pour une place standard s’élevait à 1 788 $ au Québec. Ce montant est nettement moins élevé que celui du loyer ontarien moyen, qui était de 3 758 $. Les places avec soins assidus au Québec ont vu une augmentation de leur taux d’inoccupation, qui est passé de 4,2 % en 2018 à 5,7 % en 2019.
Il existe un besoin croissant de places en résidence au Canada, mais la réglementation du développement immobilier pourrait constituer un obstacle à leur création.